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Le visage de Socrate a ses raisons... Nietzsche sur "le problème de Socrate"

Alexander Nehamas

pp. 27-57

Durant toute sa vie, Nietzsche mena un combat intellectuel contre Socrate, envers qui il ne faisait pas preuve des mêmes égards, ni de la même magnanimité qu’envers ses deux autres grands « éducateurs » et ennemis, Schopenhauer et Wagner. Pourquoi ? Sans doute parce que Nietzsche soupçonnait que le « dogmatisme » de Socrate (le point de vue selon lequel une seule forme de vie, la vie selon la raison, est bonne pour l’humanité) n’avait pas été le point de vue de Socrate lui-même, mais l’inéluctable destin de l’engagement de Socrate en faveur de cette forme de vie en tant que la meilleure pour lui-même et peut-être aussi pour quelques autres comme lui. Cette dernière position n’est pas très différente du « perspectivisme » de Nietzsche et l’éventualité d’avoir à reconnaître en fin de compte non un ennemi, mais un allié dans la figure qui avait défini la culture contre laquelle Nietzsche livra bataille sa vie durant, aurait fait apparaître Nietzsche comme moins original qu’en apparence. Chose plus importante, cela le conduisait à suspecter que sa propre position perspectiviste, selon laquelle des personnes différentes peuvent mener une forme différente de vie, pourrait finalement être adoptée de manière dogmatique et être perçue comme une continuation de la tradition dogmatique de laquelle il souhaitait tellement se démarquer lui-même.

Publikationsangaben

DOI: 10.4000/rgi.705

Quellenangabe:

Nehamas, A. (1999). Le visage de Socrate a ses raisons... Nietzsche sur "le problème de Socrate". Revue germanique internationale - ancienne série 11, pp. 27-57.

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