La sociologie 

une secte juive ? Le judaïsme comme milieu d'émergence de la sociologie allemande

Dirk Kaesler

pp. 95-110

Si en Allemagne la sociologie a été conçue par certains comme une « science juive », on peut se demander quelles en furent les conséquences pour la discipline. Dans celle-ci comme dans beaucoup d’autres les chercheurs d’origine juive ne parvenaient que difficilement à se libérer d’une stigmatisation en tant que juif et cette situation a influencé de manière décisive les rapports entre judaïsme et sociologie. Pour étudier le judaïsme comme milieu d’émergence de la sociologie en Allemagne entre 1909 et 1934, on peut établir une typologie qui distingue : a) les juifs qui professaient leur appartenance au judaïsme ; b) les juifs qui étaient à la recherche d’une « identité non juive » ; c) les juifs qui trouvèrent / retrouvèrent une « identité juive ». Cette étude révèle, pour les 16 sociologues qu’on peut rattacher au milieu juif, une rupture presque généralisée avec le milieu d’origine et une orientation vers les idéaux de spiritualité, de culture et d’érudition. La distance par rapport à la société, postulée si souvent de manière stéréotypée et indifférenciée chez les sociologues juifs, apparaît ainsi non pas tant comme un but recherché mais plutôt comme le résultat d’une volonté d’appartenance et d’une intégration refusée.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.887

Full citation:

Kaesler, D. (2002). La sociologie : une secte juive ? Le judaïsme comme milieu d'émergence de la sociologie allemande. Revue germanique internationale - ancienne série 17, pp. 95-110.

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