Gottfried Semper 

la destruction et la réactualisation du classicisme

Günter Oesterle

pp. 59-72

Les principes esthétiques et théoriques du classicisme civil en vigueur depuis Winckelmann ont été remis en cause non seulement par le romantisme mais encore dans l’espace interne du classicisme. L’idée d’une couleur de l’architecture et de la sculpture antiques (polychromie), idée développée dans les années 20 du xixe siècle (notamment dans les cercles d’intellectuels parisiens), fut un choc pour le classicisme civil, le renversement de la spécificité affirmée de l’Antiquité grecque face à l’Orient et à l’Europe du Nord. La révision d’un processus de la civilisation supposé assurer le passage de la couleur, qui excite les sensations, au marbre blanc spiritualisé devint aussi nécessaire qu’une redéfinition de la relation de la sculpture et de la peinture, de l’art et du culte, de la nature et de l’art. L’« esthétique pratique » du célèbre architecte Gottfried Semper (1803-1879) n’est pas seulement une réponse à l’expérience faite lors de l’« Exposition universelle de Londres » (1851) avec l’esthétique de la marchandise, mais aussi une tentative grâce à la thèse de la polychromie, approfondie sur le plan théorique, de supprimer la séparation néo-classique des arts supérieurs et inférieurs, de l’art public et de l’artisanat d’art orienté sur des usages privés. De la sorte — c’est l’aboutissement de cette analyse —, on refonde et reformule la conception néo-classique.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.453

Full citation:

Oesterle, G. (1994). Gottfried Semper : la destruction et la réactualisation du classicisme. Revue germanique internationale - ancienne série 2, pp. 59-72.

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