Ligne et couleur 

histoire d'un différend

Jacques Le Rider

pp. 173-184

« Tu as flotté entre les deux systèmes, entre le dessin et la couleur », dit le Frenhofer de Balzac à son rival Porbus. L’opposition entre la ligne et la couleur domine une tradition des doctrines d’artiste et de l’histoire de l’art depuis la Renaissance. Le disegno et la perspective géométrique faisaient de la ligne la rationalité de la peinture. Le classicisme du XVIIE reprend ce débat en l’élargissant à une réflexion sur le système culturel de la rhétorique générale. Au xixe siècle, l’opposition Ingres/Delacroix prolonge la même discussion, tandis que la couleur fait l’objet d’une réévaluation décisive. C’est Heinrich Wölffîlin qui a le plus clairement systématisé cette polarité, en distinguant le classique linéaire et plastique et le baroque pictural et coloriste. Wölfflin convenait volontiers de l’influence qu’avait eue sur son travail d’historien l’évolution de l’art contemporain, impressionniste et post-impressionniste. Chez Cézanne, la couleur l’emporte nettement sur la ligne. Kandinsky clôture cette histoire du différend ligne / couleur en affirmant l’autonomie et de la ligne et de la couleur.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.694

Full citation:

Le Rider, J. (1998). Ligne et couleur : histoire d'un différend. Revue germanique internationale - ancienne série 10, pp. 173-184.

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