Norbert Elias et le projet d'une "psychologie socio-historique"

Olivier Agard

pp. 117-140

Norbert Elias met en œuvre dans Ûber den Prozeß der Zivilisation une forme de psychologie socio-historique qui rejoint à certains égards les préoccupations de la tradition de l’ « École des Annales ». Cette proximité a occulté en France les multiples implications de ce projet conçu dans le contexte particulier des années 1930, au moment où la sociologie allemande (en particulier le cercle de l’Institut de Recherches sociales) s’efforce d’expliquer, au moyen d’outils empruntés à la psychologie et au freudisme, la réceptivité des masses au national-socialisme. L’originalité d’Elias est d’adopter une perspective historique et d’exploiter le corpus des traités de convenances qui met en lumière la soumission de l’économie psychique à des déterminations socio-historiques. Mais Elias ne se contente pas d’écrire une histoire du comportement. Il propose également une théorie du processus de civilisation qui, en insistant sur l’histoire secrète du corps et sur son articulation avec des processus politiques, met en valeur la base matérielle de la culture et déconstruit la distinction « culture/civilisation » dont il retrace la genèse sociale.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.690

Full citation:

Agard, O. (1998). Norbert Elias et le projet d'une "psychologie socio-historique". Revue germanique internationale - ancienne série 10, pp. 117-140.

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