Pourquoi et comment utiliser la distinction écrit/oral dans l'étude des noms d’humains généraux?

Les cas de man, individu et gens

Paul Cappeau, Catherine Schnedecker

pp. 135-165

Publication details

DOI: 10.19079/lde.2022.s3.5

Full citation:

Cappeau, P. , Schnedecker, C. (2022). Pourquoi et comment utiliser la distinction écrit/oral dans l'étude des noms d’humains généraux?: Les cas de man, individu et gens. Linguistique de l’écrit 3, pp. 135-165.

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Présentation

1L’usage oral est-il nécessaire, ou même utile, pour décrire une langue ? La réponse à cette question dépend des périodes et des traditions propres à chaque langue. Dans le domaine français, depuis le 17ème siècle, la langue littéraire est considérée comme la source légitime et principale des exemples des dictionnaires (TLF, etc.) et des grammaires (pour la période récente à travers principalement la banque de données Frantext). Or, pour cette même langue, la pauvreté des ressources orales a été souvent pointée (Blanche-Benveniste 2000), ce qui rendait marginal tout appui sur des données suffisamment significatives. Néanmoins depuis le début des années 2000, la situation a évolué et des données orales commencent à être plus facilement accessibles : à travers des grands projets PFC, ESLO, CFPP2000, CRFP, etc. jusqu’à ORFEO (Debaisieux et Benzitoun, 2020). La question de l’intérêt de l’oral peut donc à nouveau être soulevée. Willems (1997) a fourni quelques arguments favorables tant sur le plan méthodologique que descriptif1. Les données orales conduisent à s’interroger sur la frontière entre lexique et syntaxe (par exemple à travers l’observation des collocations), à réviser de nombreux outils descriptifs (comme la phrase ou la subordination), à identifier des zones où l’usage est flou ou hésitant ainsi qu’à formuler des hypothèses sur de possibles évolutions de la langue.

2Notre apport dans cette réflexion générale sur la portée de la distinction entre oral et écrit dans la description linguistique s’appuiera sur plusieurs analyses des noms d’humains généraux (NHG) que nous avons développées. La prise en considération de l’oral nous a permis de dépasser certaines observations fondées sur les seuls exemples écrits, comme par exemple l’étude de changements linguistiques attachés aux noms dits d’humains généraux2 (homme, personne, etc.). Cela étant, la dichotomie écrit vs oral ne semble pas toujours productive ou pertinente, comme nous allons tenter de le montrer à travers la présente étude.

3Nous serons donc amenés dans une première partie à rappeler quelques particularités du couple oral/écrit, puis à présenter, dans une deuxième partie, les NHG et à spécifier leur intérêt pour la réflexion conduite ici. Par la suite, nous nous arrêterons sur la des|cription de trois noms (man, individu et gens) et détaillerons les éléments d’analyse que font émerger des ressources diversifiées3. Ces données feront ressortir que la diamésie n’est qu’une des dimensions à prendre en compte et que, selon le nom examiné, des caractéristiques comme la proximité entre les locuteurs ou le genre de discours jouent un rôle majeur pour différencier les valeurs / formes décrites. Cela conduit à mettre en avant l’importance que présente la variété des données langagières pour développer des analyses pertinentes.

1 | Le couple oral vs écrit

4Il n’est pas envisageable de faire l’inventaire de toutes les disciplines (didactique, sociolinguistique, etc.) qui contrastent oral et écrit (Goody 1993) et de préciser l’intérêt de cette distinction. On s’attachera plutôt à signaler que, de plusieurs façons différentes, cette opposition a parfois été plus ou moins remise en cause ou replacée dans un cadre plus large.

Un statut variable

5Dans la tradition grammaticale et lexicographique française, si la dichotomie oral / écrit est peu présente, c’est en grande partie parce que les données orales sont très peu exploitées (Cappeau 2021). Les descriptions de la langue s’appuient quasi exclusivement sur l’usage écrit livresque (essentiellement littéraire d’ailleurs). Cette sélection des faits est toutefois partiellement masquée et la plupart des travaux affichent leur ambition de décrire « le français » (sans spécifier ou restreindre l’extension de cette désignation globale4). La représentation de l’oral se limite souvent à quelques exemples familiers ou à de l’oral représenté5 comme des répliques de théâtre ou des dialogues de romans. Trois raisons peuvent expliquer cette minoration / absence de l’oral :

  1. L’accès à des données orales. Comme rappelé supra, celui-ci a été longtemps entravé, réservé à des équipes restreintes, mais depuis les années 2000 et le lancement de grands projets6 (ESLO2, CFPP2000, PFC, MPF…), cet obstacle a été progressivement levé. L’utilisation de données orales ne peut plus être vu comme une difficulté majeure.
  2. La forme déroutante des énoncés oraux. Une deuxième raison a pu provoquer la mise à l’écart d’exemples oraux : leur caractère souvent inhabituel ou insaisissable. En effet, par rapport à des exemples écrits publiés, l’oral non lu présente de multiples phénomènes (hésitation, bribes, répétitions, interruptions, …) qui peuvent donner l’illusion d’énoncés désorganisés et rendre plus délicate l’analyse avec les outils classiques (tels que la notion de phrase, etc.). On imagine alors la réticence à intégrer, avec difficulté, de tels exemples « problématiques » aux analyses déjà construites à partir de l’écrit, sauf à être convaincu de l’apport des énoncés oraux (voir ci-après).
  3. L’apport des données orales. C’est probablement le facteur décisif même s’il est rarement mis en avant. On peut craindre que de nombreux chercheurs ne voient pas l’intérêt d’intégrer des données orales. Ils ne sont donc pas incités à élargir leurs ressources et s’appuient sur des exemples écrits (littéraire et presse), plus faciles à collecter. De plus, une longue tradition française associe fortement oral et usage familier (Blanche-Benveniste & Jeanjean 1986). La dimension normative (plus ou moins sous-jacente) des grammaires peut trouver là une raison supplémentaire d’écarter des exemples qui seraient considérés comme « déplacés » dans des ouvrages de référence.

6Chez certains auteurs, la relation oral / écrit est plus vue en termes de complémentarité qu’en terme d’opposition. C’est par exemple le cas chez Damourette & Pichon (1911-1940) dont l’ouvrage comporte des exemples très variés :

Et c’est ici le lieu de s’inscrire formellement en faux contre les assertions des auteurs qui vont affirmant au monde que dans la France d’aujourd’hui il y ait un écart sensible entre le langage écrit et le langage parlé.
Tout ce qui s’écrit se parle.
[…] il n’est pas une phrase écrite qui ne puisse, au moins dans certaines circonstances, venir spontanément à la bouche d’un Français de bonne compagnie. (§ 36).

7C’est aussi le cas pour Blanche-Benveniste qui a constamment repoussé l’idée d’une syntaxe propre à la langue parlée, même si, dans Blanche-Benveniste (2003), elle ouvre certaines pistes de différenciation comme : l’existence de règles rédactionnelles et de filtres normatifs propres à l’écrit, « certaines tournures syntaxiques fréquentes de la langue parlée sont difficiles à “rendre” par écrit » ; de plus, elle note que « dans la langue parlée, la syntaxe est généralement très différenciée selon les « genres » de prise de parole » (p. 335).

Une variation parmi d’autres

8On prendra deux exemples, éloignés dans le temps, qui permettent d’observer que de nombreux autres éléments de variation ont été repérés et signalés. L’opposition entre l’oral et l’écrit s’insère dans une série et n’est pas considérée comme plus importante ou plus significative que d’autres distinctions.

9De façon peu technique mais en accordant beaucoup d’attention à des différences sensibles, Vaugelas (1647) appuie ses commentaires sur de multiples facteurs : la légitimité sociale des locuteurs (la Cour, la partie la plus saine de la Cour, les bons auteurs, les anciens écrivains, etc.), le médium, les formes du discours (la prose, les vers, la parodie, etc.) ou les styles (le style bas, etc.). La différence entre l’oral et l’écrit (qui affleure parfois au travers de formulations telles que On dit tous les jours l'un et l'autre en parlant, mais on ne le doit point dire en écrivant que dans le style bas. (p. 180)) n’est pas centrale.

10Dans un cadre sociolinguistique, la diamésie n’est qu’une des dimensions de la variation. Ainsi, Gadet (2007) rappelle (Tableau 1) 5 types de variation parmi lesquels figure le couple oral/écrit. Cela revient à ne pas focaliser l’attention sur cette seule opposition et à manifester qu’il convient d’élargir le regard dans l’appréhension de la variation des faits langagiers :

Variation selon l’usager temps changement diachronie
espace géographique, régional, local, spatial diatopie
société, communauté social diastratie
Variation selon l’usage
styles, niveaux, registres situationnel, stylistique, fonctionnel diaphasie
chenal oral/écrit diamésie
Tableau 1. Représentation de la variation (repris à Gadet 2007)

Des alternatives ou remises en cause récentes

11Dans plusieurs cadres, la relation de l’oral avec l’écrit a été repensée. On pense notamment à :

12Une première série de questions émerge : dans la description de la langue, cette opposition est-elle incontournable, est-elle toujours le sésame qui éclaire les faits langagiers et comment peut-elle être exploitée en syntaxe et/ou sémantique ? L’analyse de quelques noms d’humains généraux (NHG), présentés ci-après, a pour but d’amener à réfléchir à ces questions et de s’interroger sur les éventuelles insuffisances de cette opposition oral vs écrit.

2 | Les noms d’humains généraux (NHG)

13Ces noms (homme, personne, gens, individu, être humain, etc.) sont d’excellents candidats pour faire émerger un ensemble de paramètres liés à diverses formes de variation (Cappeau & Schnedecker 2014 a et b, 2015, 2017 a et b). Trois raisons principales peuvent être avancées : leur fréquence qui en permet un recueil abondant, leur sémantisme qui les prédispose au changement, leur forte sensibilité aux genres discursifs qui conduit à s’intéresser à des différences d’emploi dans les productions plus ou moins codifiées. Ce sont donc des formes sensibles à la variation sur lesquelles on peut espérer observer l’importance des usages (ce qui ramène à la question de l’oral vs l’écrit).

Une fréquence élevée propice à une analyse quantitative

14Les NHG sont attestés en nombre dans divers corpus (Mahlberg 2005, Benninghoven 2018) comme on va le vérifier, c’est pourquoi d’ailleurs on peut parler de noms généraux par contraste avec d’autres sous-catégories nominales (noms spécifiques, N sous-spécifiés, etc.). Plusieurs NHG sont d’une fréquence élevée aussi bien en anglais (Tableau 2) qu’en français (Tableau 3).

Noun All Hutton Men at work Keyness
thing 0,03 % 0,15 % 90.1
sens 0,03 % 0,12 % 66.3
issue 0,06 % 0,19 % 63.9
people 0,08 % 0,21 % 58.6
point 0,14 % 0,29 % 45.4
story 0,07 % 0,19 % 52.9
discussion 0,05 % 0,12 % 28.0
Tableau 2. Key nouns found as subjects (Partington et al. 2013, 229)
Nom Nbre occ. Rang Classe de fréquence
personnes 814.158 136 7
hommes 357.280 359 8
gens 322.213 403 8
femme 306.286 435 8
femmes 300.645 441 8
homme 275.419 492 8
individus 47.369 3.102 11
individu 23.536 5.866 12
Tableau 3. Sondage de fréquence d’emploi sur un échantillon de NHG dans Wortschatz7

15La conséquence de cette forte implantation dans l’usage est que ces noms peuvent être facilement récupérés et sont en nombre suf|fisant pour favoriser des analyses tant quantitatives que qualitatives. On a aussi pu vérifier (Cappeau & Schnedecker 2021) que certains de ces NHG présentent une répartition diversifiée et sont présents dans de nombreux corpus8. C’est par exemple le cas de homme ou personne (graphique 1) qui se rencontrent tous deux dans 89 des 90 sous-corpus utilisés.

Graphique 1. Nombre d’occurrences et répartition dans les sous-corpus du CERF

La fréquence et la généralité comme facteurs de changements

16Certains NHG ont un potentiel d’évolution susceptible de les mener à diverses évolutions dont la grammaticalisation (Marchello-Nizia 2006) et la pragmaticalisation (Dostie 2004).

17La grammaticalisation, par exemple, peut notamment faire passer un mot de la catégorie nominale au pronom. Dans de nombreuses langues, les NHG changent de catégorie (transcatégorialisa|tion) pour se comporter comme et devenir des pronoms - on parlera de « pronominalisation » - (Haspelmath 1997, Marchello-Nizia 2006, Heine & Kuteva 2002, Bath 2002). Des pronoms indéfinis ont pour source des NHG : c’est ainsi que le pronom allemand man est issu du nom Mann et le pronom roumain lumea du nom lume. De même dans le passage du latin au français les noms persona et homo ont donné les pronoms personne et on.

18La pragmaticalisation voit passer un nom au rôle de marqueur discursif (Kleinknecht 2013, Kleinknecht & Souza 2017, Alba-Juez 2009). Ce phénomène a été décrit dans de nombreuses langues et concerne, par exemple, pour l’anglais, man, dude ou mate, pour l’espagnol hombre, mujer, macho, tío ou tía, pour le swahili bwana (Heine & Kuteva 2002). En français, ce phénomène est illustré d’une part par putain (1), sorte de ponctuant du discours qui provient d’un nom d’humain désignant une profession et d’autre part par con (2), dont l’usage en tant que marqueur discursif est très répandu en français méridional (Pustka 2011) :

Et là je me suis dit que putain j'aurais pu crever quand même! (guenillehaillon.free.fr.txt, rampé 21.10.2007) Eh bé con, ma mère con, elle voulait m’acheter des chaussures con, mais con, elles étaient trop chères, con !

Variation en termes de genres discursifs

19Nous avons déjà pu observer que les NHG tels que gens, individus, personnes et hommes, manifestent des différences d’usage particulièrement marquées. Le corpus CERF-écrit et CERF-oral (une tranche de 1 Mo de mots oraux) illustre cette inégale répartition (Tableau 4) :

Divers Forums Instit. Litt A Polit. Prat. Sciences ORAL
gens 414 862 213 495 119 85 62 1448
individus 63 73 23 6 38 8 128 15
personnes 195 388 882 139 477 587 275 483
hommes 443 395 116 524 445 139 164 224
Tableau 4. Nombre d’occurrences de certains NHG dans quelques tranches du CERF

20Ces relevés font ressortir des répartitions très différentes, dans l’écrit, des NHG retenus selon les « genres » observés : par exemple, personnes est attesté 882 fois dans le genre dit de « textes institutionnels », et 139 fois dans les textes littéraires, soit quasiment 6 fois moins. De plus, une variation diamésique peut aussi être repérée. Le cas le plus spectaculaire est celui de gens (on y reviendra en partie 5) peu présent dans les écrits scientifiques, mais abondant dans les forums et plus encore à l’oral.

21Pour étayer notre réflexion, nous avons choisi trois NHG qui présentent des caractéristiques très différentes : man est d’apparition récente en français et permet d’observer les prémices d’un fonctionnement original, individu est un nom humain à éclipse (il ne possède pas toujours le trait humain) ce qui le rend atypique dans notre série et il présente des connotations multiples, enfin gens se distingue par son importance quantitative et son caractère uniquement pluriel.

3 | Le cas de man

22Ce nom, utilisé en français dans certains usages précisés plus loin, montre certains signes d’un processus de pragmaticalisation (cf. supra). Il est intéressant de regarder de plus près les données françaises pour apprécier son statut9.

Présentation dans les dictionnaires

23Dans l’usage général, ce terme anglais est très rare en tant que mot autonome. Il est en revanche attesté dans des composés nominaux empruntés à l’anglais (tennisman, rugbyman, one man show, self made man …) aussi bien qu’à travers des personnages de fiction – bande dessinée ou cinéma – tels Iron man, Spiderman, Batman, Superman

24Les dictionnaires (comme le Grand Robert, le Petit Robert ou le TLFi) ne comportent pas d’entrée autonome man, qui n’apparaît qu’au travers de la composition nominale (self(-)made(-)man). Absent des ouvrages de référence, ce nom est pourtant bien présent dans l’usage de certains locuteurs. D’où l’importance de constituer un corpus pour conduire (ou du moins amorcer) une analyse.

Constitution d’un corpus de travail

25L’objectif principal du corpus est de disposer d’un nombre suffisant d’exemples dans lesquels man présente un emploi vocatif. En effet, les études précédemment citées ont montré que la pragmaticalisation est repérable, dans une première phase, à travers ces emplois. Cette hypothèse précise oriente le choix des données explorées et nous amène à privilégier les corpus récents (et non des corpus de textes littéraires plus ou moins anciens). Quatre corpus relativement récents ont été retenus (2 écrits, 2 oraux). Les résultats figurent dans le tableau 5 :

NOM10 CERF-écrit CERF-oral MPF Sketch Engine (S.E.)
Taille 9 Mo 1 Mo 750.000 1,3 milliard
Nbre occ. man 6 ex (4 tranches) 1 ? 6 ex 220 ex.
Médium Écrit Oral Oral Écrit
Tableau 5. Occurrences de man dans 4 ressources

26Un important travail de « nettoyage11 » a été nécessaire pour écarter des exemples non conformes comme (3) où man- est une amorce sans aucun lien avec le mot recherché et (4) qui contient une phrase entièrement en anglais, ce qui n’est pas le contexte souhaité.

ils ont pas de quoi man- manger (CERF-oral) On retrouve cette phrase simple, “I am a man” (CERF-écrit, divers)

27Une mauvaise interprétation du tableau 5 consisterait à surestimer l’opposition oral vs écrit ce qui nous mènerait à la conclusion (peu conforme à notre intuition et aux descriptions des travaux antérieurs) que man relève de l’écrit. Ce sont d’autres critères, comme le lien entre les interactants et le caractère non formel de l’interaction, les thèmes abordés voire le sexe des locuteurs, qui priment.

28De fait, dans le CERF, le nombre d’occurrences est résiduel que ce soit à l’oral ou à l’écrit, MPF en contient légèrement plus et c’est S.E. (d’une taille imposante) qui en contient un nombre significatif. La forme man ne se rencontre pas dans tous les genres de textes rassemblés mais elle se concentre dans certaines productions écrites. C’est plus précisément dans les tchats et dans certains forums qu’on en recueille le plus. Une observation plus précise donne des indications supplémentaires. Les exemples dans lesquels figure man sont particuliers : ce n’est pas le médium qui apparaît comme déterminant mais la proximité entre les interactants que l’on repère à travers certains pronoms (tu dans 5), des formules de salutation (yeah dans 6) ou le lexique (cool dans 7). L’absence de man dans la plupart des productions (tant orales qu’écrites) du CERF tient, pour partie, à des liens plus distanciés entre des locuteurs majoritairement plus âgés.

Là maintenant il fait de la variété française des trucs rock'n'roll et tout (.) alors qu'avant c'était <un hip hop> man tu vois ce que je veux dire ? (Oral, MPF) " Hell yeah, man !!! " Après six ans, ils enregistrent à nouveaux un album ensemble (Ecrit, SE) hé les mecs je vous ai pas insulté !!!!!!!! alors cool man (Ecrit, SE)

Résultats

29Trop peu d’exemples se révèlent convaincants pour classer man comme marqueur discursif, on est donc conduit, à partir des faits recueillis, à s’intéresser aux trois positions qu’occupe ce terme dans l’énoncé. Une importante variation se dégage du tableau 6 et, sans surprise, ce sont les positions initiale et finale qui sont les plus occupées par le terme man :

Position initiale (8) Position médiale (9) Position finale (10)
77 23 120
Tableau 6. La position de man dans les exemples tirés de Sketch Engine
Eh man ! cela peut emmener loin si on se laisse faire la spirale va nous faire toucher le fond – (S.E.) Sur ce coup la man t'as été un homme t'as ramené le croisé de Jackie Sardou (S.E.) ... voila pourquoi que tu vas reussir au resultat que tu souhaites allez courage man (S.E.)

30La position médiale ou interne, qui permettrait de mieux questionner le fonctionnement de man en tant que marqueur discursif est encore difficile à documenter, ce qui interdit toute conclusion définitive sur l’évolution en cours. Mais cela ne gêne en rien notre réflexion sur les données : l’utilisation du mot est récente et semble cantonnée pour l’instant à des locuteurs particuliers, dans des contextes de proximité, évoquant certains thèmes de prédilection (musique, etc.). Il semble donc probable que, pour le français, man en soit encore à la phase où il relève des termes « à la mode », avec une inflation d’emplois dans certains usages.

31Pour poursuivre l’analyse, il faut donc envisager de rechercher d’autres attestations, qui se rencontrent dans des contextes particu|liers (concernant les liens entre les interactants et les thèmes notamment). En revanche, le médium (phonique ou graphique) constitue un critère moins décisif que la conception, qui doit être orale.

4 | Le cas d’individu

32Ce NHG semble moins utilisé que certains de ses « concurrents » comme gens ou personnes. Il est vrai que individu ne comporte le trait /+hum/ que dans une sous-partie de ses emplois (ce qui nécessite, là encore, un gros travail de tri dans les données). On ne présente que les emplois au singulier12 (11) :

Ne pensez donc pas trouver ici un quelconque plan d'en|traînement standard qui pourrait s'appliquer à tout individu (tout simplement parce que ça n'existe pas !). (CERF, Pratique)

Description dans un dictionnaire

33Dans la description du Grand Robert, le trait humain n’est pas un principe de classement des valeurs mais permet de spécifier certains emplois. C’est ce que l’on a souhaité indiquer dans le tableau 7 :

A- Être ayant une existence propre
1) Tout être concret
2) En partic. Chaque être appartenant à l'espèce humaine  humain
3) Courant
a) être, personne humain
b) homme anonyme, indéterminé humain
- Péj. Homme que l’on ne veut pas nommer humain
B) Être vivant au sein d’une société
1) Chaque unité d’une colonie, d’une société
2) En partic. L’être humain considéré isolément dans la société humain
Tableau 7. Les valeurs de individu en lien avec le trait humain (à partir du Grand Robert)

L’apport du corpus écrit

34Dans les 9 tranches du CERF-écrit, on peut récupérer 432 occurrences de individu /+humain/, ce qui correspond à une moyenne de 48 exemples par million de mots. Mais une observation plus précise de la répartition (Tableau 8) témoigne de la grande hétérogénéité de la répartition selon les tranches et l’importance des thèmes ou des genres. Ainsi, individu est 9 fois plus attesté dans les textes scientifiques que dans les textes pratiques (horoscopes, cuisine, etc.) :

Divers Forums Institut. Litt A Litt C Politique Pratique Presse Sciences
70 91 25 24 24 31 13 30 124
Tableau 8. Répartition de individu /+hum/ dans les sous-corpus écrits du CERF

35Plusieurs enseignements sur l’emploi de individu peuvent être dégagés (Cappeau & Schnedecker 2014b) :

  1. La domination de l’article défini est sensible, comme on le vérifie avec le graphique 2 établi à partir des 3 tranches dans lesquelles individu est le plus présent.
    Graphique 2. Part des articles défini, indéfini et du déterminant indéfini avec individu
  2. Les emplois comme complément d’un nom (ou d’un adjectif) sont abondants (Tableau 9). Le nom individu figure donc souvent (même dans les forums) dans des configurations syntaxiques illustrées en (12) et (13) : La survie de l'individu dépend de son combat contre cette déshumanisation (CERF, Forums) qui permette l'émancipation de l'individu dans sa vie intime et dans sa vie sociale (CERF, Politique)
    Forums Presse Sciences
    30 % 43 % 39 %
    Tableau 9. Proportion d’emplois de individu comme complément de nom (ou d’adjectif)
  3. Peu d’adjectifs sont associés au nom individu, et ceux qui le sont sont plutôt spécifiques, liés aux thèmes du sous-corpus. A titre d’exemple, on peut citer quelconque (14) en philosophie, extraordinaire (15) en littérature et isolé (16) en sciences. A ce point de vue, individu manifeste un comportement similaire à celui des « shell nouns » (Schmid 2000) comme fact dont le sémantisme vague est suppléé par des constructions en que (le fait que…) ou des adjectifs particuliers. Car le philosophe n’est pas un individu quelconque “parlant” en tant que philosophe (CERF, Divers) C’est un individu extraordinaire et, cependant, il ne présente rien de réellement insolite (CERF, Litt A) aucun être humain ne peut être considéré comme un individu isolé. Il est membre d’une société (CERF, Sciences)

36Cette particularité met en lumière l’importance du « genre ». On peut aussi signaler les faits divers dans les genres de la presse dans lesquels individu renvoie assez systématiquement aux malfaiteurs et prend donc une coloration souvent négative notamment par le biais d’adjectifs (individu masqué, cagoulé, armé).

L’apport du corpus oral

37En quoi l’appui sur des données orales modifie-t-il ou améliore-t-il les analyses précédentes ? Du point de vue quantitatif, ce nom est faiblement présent dans plusieurs corpus que nous avons consultés. On dénombre :

38Cette rareté fragilise fortement la possibilité de conduire une analyse détaillée. Pour ce qui concerne les propriétés distributionnelles, on retrouve les tendances signalées précédemment : domination de l’article défini, emploi fréquent comme complément d’un nom (environ 30 % des cas) et absence d’adjectif13. Aucune information nouvelle n’y apparaît et rien ne contredit les indications qu’a apportées l’analyse de l’écrit. L’oral n’apporte finalement aucun éclairage original. De plus, le faible nombre d’exemples attestés n’aurait pas permis de proposer une classification robuste des faits.

39On peut toutefois considérer que l’opposition oral vs écrit présente un intérêt dans la description de individu /+hum/ : c’est un nom qui se rencontre nettement plus à l’écrit et occupe une position marginale dans les productions orales. Mais la description doit plutôt s’appuyer sur les genres pour faire ressortir des particularités d’emplois. Donc plus qu’au médium, c’est à cet autre facteur qu’il convient d’accorder une place centrale.

5 | L’exemple de gens

40Cette forme présente de nombreux intérêts pour l’analyse linguistique et en particulier conduit à s’interroger sur la possible grammaticalisation du nom gens. En effet, à l’instar de plusieurs langues, le français a déjà réalisé ce type d’évolution avec personne. Et il n’est pas exclu que gens suive la même voie. On précisera quelles propriétés appuient cette hypothèse et quelles données facilitent les observations les plus intéressantes.

Description dans un dictionnaire

41La définition du TLFi comporte quatre sous-parties rapidement indiquées ci-après :

  1. personnes (en nombre indéterminé).
    C’est la partie la plus développée où l’on signale des quantifieurs (peu de…), des adjectifs (austères…), certaines associations (braves gens, bonnes gens…), des compléments de noms (d’esprit, de goût…), des locutions (gens du monde, jeunes gens…).
  2. gens de… + nom de profession
  3. adjectif possessif + gens (vieilli)
  4. droit des gens. Voir gent

42Dans le Grand Robert, une remarque initiale sur la quantification est fournie : jusqu’au 18ème siècle, les numéraux étaient compatibles avec gens (dix gens). Actuellement, seuls les approximatifs sont utilisés (une centaine, une douzaine de gens). Cet emploi est encore possible lorsque le nom gens est modifié par des adjectifs comme pauvres, petites, etc. (trois pauvres gens).

43Cela étant dit, ces ouvrages de référence ne font aucune allusion à un possible changement catégoriel et ne donnent pas d’indication sur la densité d’emplois (ou les variations de densité selon les productions).

L’apport du corpus écrit

44Le corpus CERF confirme l’importance quantitative de gens et fait aussi ressortir une forte variation selon les tranches du corpus (Tableau 10) :

Divers Forums Institut. Litt A Litt C Politique Pratique Presse Sciences
415 849 213 486 339 117 87 315 59
Tableau 10. Répartition de gens dans les sous-corpus écrits du CERF

45Le nom gens est moins utilisé dans les corpus de langue « technique » (sciences, pratiques et institutionnels) que dans le corpus forums. A ce stade, on peut se demander si la variation est liée aux genres / thèmes abordés dans les corpus (comme on vient de le voir pour individu) ou si un autre facteur pourrait jouer. On pense en particulier au trait /familier/ qui a longtemps été accolé à gens (le Petit Robert de 2008 en faisait encore état).

46Plusieurs propriétés distributionnelles peuvent être dégagées à partir des données :

  1. La plus ou moins grande domination de l’article défini. Le graphique 3 montre à la fois la diversité des déterminants qui précèdent le nom gens et la spécificité du corpus de Presse où l’article défini est plus nettement dominant :
    Graphique 3. Répartition des voisins de gauche de gens dans 3 sous-corpus du CERF
  2. Pour ce qui concerne les adjectifs, deux groupes peuvent être établis : d’une part, des adjectifs que l’on rencontre dans plusieurs tranches du CERF, tels que jeunes, braves, petites, pauvres, bonnes, honnêtes, et qui entrent souvent dans des collocations tirant vers la polylexie (jeunes gens, petites gens) ; d’autre part, des adjectifs dont l’apparition est limitée à un sous-corpus (vraies, heureuses dans forums vs vieilles ou viles dans la littérature).
  3. Le nom gens est assez fréquemment expansé. C’est en littérature que cette configuration est la plus observée. Les prolongements sont de deux types, comme indiqué dans le tableau 11 :
    Forums Litt A Presse
    Total 271 (31 %) 207 (42 %) 67 (21 %)
    Complément de N 88 109 24
    Relative ou que forme 183 98 43
    Tableau 11. Expansions à droite de gens dans 3 sous-corpus du CERF
  4. En élargissant un peu l’empan d’observation, on peut signaler une évolution des emplois de gens en diachronie, en littérature14. Les deux faits d’évolution les plus significatifs, entre le 19ème et le 20ème siècles, concernent : une augmentation sensible du nombre d’occurrences (Graphique 4) et une croissance importante des emplois sans expansion (Graphique 5) :
  5. Graphique 4. Le nombre d’occurrences Graphique 5. Les emplois sans expansion

L’apport du corpus oral

47Dans la tranche orale du corpus CERF15, gens manifeste un comportement différent, sous quatre angles, de ce qui a été observé précédemment :

  1. Du point de vue quantitatif, le nombre d’occurrences explose dans le corpus oral (1431 exemples soit 65 % de plus que la tranche écrite la mieux dotée).
  2. Un double mouvement est perceptible en ce qui concerne la répartition des déterminants : d’une part, le total des occurrences du mot gens déterminé par l’article défini (les) et indéfini (des) progresse fortement (85% contre 73% dans le corpus Forums), ce qui tend à marginaliser l’emploi d’autres déterminants. D’autre part, la régression du défini (aux dépends de l’indéfini) s’accentue (les constitue plus de la moitié des emplois du déterminant).
  3. Les emplois non expansés de gens progressent aussi (73% dans le corpus oral contre 64 % dans Forums). Cette propriété peut être corrélée à deux facteurs : il y a des gens qui parleront très bien qui parleront facilement (CERF, Oral)
  4. Enfin une autre différence peut être observée à l’oral en ce qui concerne la fonction syntaxique d’un syntagme avec gens non expansé : 42% des occurrences de les gens et 18% de des gens remplissent la fonction sujet (18) et (19). Cela est d’autant plus singulier que les sujets, à l’oral, sont plus souvent réalisés sous forme de pronoms que de SN (Blanche-Benveniste 1994, Lambrecht 1987).

    puis les gens ont pas été informés (CERF, Oral) vous voyez que + des gens défilent et protestent (CERF, Oral)

48L’ensemble de ces changements nous a conduits à formuler l’hypothèse d’un changement catégoriel de gens. Actuellement, deux formes cohabiteraient : un gens nominal dont la syntaxe est libre et un gens pronominal, d’apparition récente, plus nettement repérable à l’oral, dont la syntaxe est réduite ou contrainte. Le tableau 12 résume les propriétés comparées de ces deux formes :

gens nominal (20) gens pronominal (21)
variété des déterminants déterminant les ou des
variété des expansions pas d’expansion
toutes fonctions syntaxiques spécialisé en fonction sujet
divers synonymes en contexte équivalent de on, les hommes
Tableau 12. Comparaison des propriétés des deux gens
nous recrutons des agents des gens qui ont une petite + une formation agricole (CERF, oral) les gens ils s’imaginent que nous on peut avoir nous on (n’) a pas le droit en fait d’avoir nos sautes d'humeur (CERF, oral)

49L’hypothèse de l’évolution, actuellement en cours, de gens a été corroborée par l’observation du corpus MPF (plus récent et issu de jeunes locuteurs) qui accentue les tendances décrites à partir de CERF-oral (Cappeau & Schnedecker 2018).

50Pour résumer, la forme gens présente des changements importants :

51Pour fournir une analyse détaillée de cette forme gens, la variation doit alors être saisie sur deux plans :

6 | Conclusion

52On espère avoir montré, à travers les trois études de cas retenues, que les NHG se prêtent bien à une discussion sur l’importance et la pertinence de l’opposition oral vs écrit. Cette distinction présente un réel intérêt – et l’on peut regretter que, parfois, l’oral soit délaissé – à travers la diversification des sources et des locuteurs analysés (i.e. pas seulement des usagers experts de l’écrit publié). Inclure l’oral donne accès à un matériau linguistique plus diversifié, moins soumis à la norme ou aux contraintes (routines) d’écriture. L’oral permet aussi de disposer d’usages « avancés » difficiles à documenter.

53Toutefois, s’en tenir à l’opposition de médium fait courir le risque de négliger d’autres paramètres qui peuvent compléter et enrichir les analyses. On rappellera les autres aspects que les NHG étudiés ont permis de mettre en lumière :

54Ce travail montre aussi la difficulté à travailler sur un corpus unique car divers paramètres peuvent entrer en jeu et imposent de diversifier les ressources pour disposer des ressources pertinentes en vue des analyses.

    Notes

  • 1 Les Anglo-Saxons ont montré tout le bénéfice qu’une description de la langue peut tirer de la diversité des situations exploitées et de la prise en compte de l’écrit ET de l’oral (Biber et al. 1999).
  • 2 Voir infra partie 3 sur la pragmaticalisation d’un mot comme mec et partie 5 sur la transcatégorialisation de gens.
  • 3 Nous avons principalement utilisé les corpus suivants : CERF (cf. note 7), MPF (cf. note 9) et Sketch Engine.
  • 4 On pense à des titres tels que : Grammaire du français, Grammaire française, la grammaire pour tous, Grammaire méthodique du français, Grammaire critique du français, La Grande Grammaire du Français, etc.
  • 5 Voir Lefeuvre & Parussa (éds) (2020).
  • 6 Voir le site de l’IRCOM (http://ircom.huma-num.fr/site/corpus.php) pour un inventaire récent des corpus oraux.
  • 7 https://corpora.uni-leipzig.de/fr?corpusId=fra_mixed_2012
  • 8 L’observation a été conduite sur le corpus CERF-écrit (Corpus évolutif de Référence du Français) constitué par Jean Véronis. Ce corpus est constitué de 9 tranches “thématiques” (proche de genres) de 1 million de mots récupérés sur le web. Chaque tranche d’un million de mots (forums, presse, institutions, pratiques, etc.) est elle- même divisée en 10 sous-corpus de 100 000 mots. Par exemple, la tranche Pratiques est divisée en : horoscope, cuisine, loisirs, automobile, people, sports… C’est pourquoi le graphique 1 examine la répartition dans 90 sous-corpus.
  • 9 Nous renvoyons à Cappeau & Schnedecker (2021) pour une étude comparée de man et mec.
  • 10 CERF (Corpus Évolutif du Français) a déjà été présenté. MPF (Multicultural Paris French) est présenté dans Gadet (2017). Il s’agit d’un corpus en grande partie écologique de locuteurs jeunes de la banlieue parisienne. La ressource Sketch Engine est disponible à l’adresse suivante : https://www.clarin.si/noske/index-en.html.
  • 11 A titre d’illustration on passe, dans CERF-écrit, de 56 exemples initiaux à 6 réellement pertinents.
  • 12 Individu et individus présentent des propriétés distributionnelles assez différentes, ce qui explique notre choix de ne pas mélanger les deux formes.
  • 13 Cette dernière observation fait bien écho à l’ajout rare d’adjectifs à l’écrit. On sait qu’à l’oral les adjectifs sont moins utilisés.
  • 14 On a utilisé pour cette analyse (Cappeau & Schnedecker 2014a) deux corpus de 600000 mots : l’un de littérature du 19ème, l’autre de romans du 20ème.
  • 15 Les enregistrements oraux du CERF datent de la période 1985-2000.
  • 16 Les différences sont encore plus frappantes quand on s’appuie sur un corpus littéraire du 17ème (Cappeau & Schnedecker 2015).

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