Repository | Book | Chapter

257961

(2022) Essais et communications sur le langage, Genève-Lausanne, sdvig press.

Remarques à propos de la communication de Bergsland

Problèmes de syncrétisme

Louis Hjelmslev

pp. 109-110

Publication details

Full citation:

Hjelmslev, L. (2022). Remarques à propos de la communication de Bergsland: Problèmes de syncrétisme, in Essais et communications sur le langage, Genève-Lausanne, sdvig press, pp. 109-110.

Lines

File clean-up October 31, 2021, 3:41 pm sdvig press ( )

Séance du 13 mai 19481

>

1Bergsland2 soulève la question de la distinction entre homonymie (et synonymie) et syncrétisme. Du point de vue terminologique, au lieu du terme « identifier », Hjelmslev préfère l’expression « réduire deux grandeurs à une seule ». La réduction doit être menée jusqu’au point où l’on estime qu’elle est adéquate (pour l’enregistrement du nombre à la fois le plus limité de fonctifs et le plus grand de fonctions). Elle s’accomplit en appliquant le test de commutation à l’intérieur d’un seul paradigme (après cela, il existe des règles qui permettent de distribuer les paradigmes les uns sur les autres). Forme et substance ne sont pas encore distinguées au stade où l’on applique le test de commutation. On échange deux grandeurs de substance pour vérifier s’il en résulte une différence sur l’autre plan, et cela permet d’établir les grandeurs qui appartiennent à la même classe. L’analyse universelle en variantes appartient à la structure fonctionnelle de la langue. À ces variantes, on rajoute un nombre illimité de variations, dont chacune est susceptible de recevoir un fragment de substance. Les grandeurs de la structure linguistique se définissent indépen|damment de la substance, selon leur appartenance à une catégorie définie et, à l’intérieur de cette catégorie, par leurs corrélations avec d’autres membres de la même catégorie. Ceci est une condition préalable pour pouvoir attribuer une substance à ces formes – attribution qui est une opération qui suit logiquement. Cela ne signifie pourtant pas que la procédure dans son intégralité n’est pas conçue en bloc : la procédure consiste en effet en un complexe d’opérations ayant une fonction de présupposition entre elles. Supposons, par exemple, que l’opération 5 nous donne plusieurs possibilités. On choisira la possibilité qui se révèle la plus adéquate en fonction des opérations ultérieures auxquelles on arrivera – l’opération 7, par exemple. Cela ne signifie pas, cependant, que l’opération 5 présuppose l’opération 7. Chaque opération ne présuppose que la procédure entière, et c’est cette procédure dans son ensemble qui est constamment déroulée : les opérations ne sont pas à réaliser l’une après l’autre, mais elles sont préalablement déroulées d’une façon provisoire. Il peut parfois aussi arriver qu’une opération n’en présuppose qu’une et une seule autre. Les grandeurs de forme ne se définissent que par leur fonction, et pourtant elles ne sont pas indépendantes du matériel à décrire, qui est constitué à la fois de forme et de substance. On n’effectuera que les opérations de réduction qui s’avèrent adéquates à l’arrangement de la substance. Ce qui apparaît comme une fusion dans le contenu peut tout simplement dépendre d’une fusion dans l’expression, comme par exemple en danois la fusion apparente entre genre commun et genre neutre dans l’adjectif tæt (étroit).3 D’après Hjelmslev, ce dernier exemple ne constitue pas un syncrétisme dans le contenu. En latin, dans un cas comme celui de domini (génitif singulier et nominatif pluriel), la fusion dépend de la catégorie qu’on a pu identifier. Si l’on enregistre les cas nominatif, accusatif et génitif, mais qu’aucun de ces trois cas ne se présente simultanément à l’intérieur d’un seul thème, on devra les réduire à deux, sur la base d’une participation mutuelle.

    Notes

  • 1 [Texte publié en anglais en (1970), Bulletin du Cercle Linguistique de Copenhague, 8-31, pp. 103-104].
  • 2 Sa communication n’a pas été imprimée, conformément à la volonté de son auteur.
  • 3 La forme du genre neutre de l’adjectif danois ajoute un -t, sauf dans le cas de mots qui se terminent par t, comme c’est le cas de tæt.

This text is available for download in the following format(s)

TEI-XML