Le Laocoon de Lessing 

déduction et induction

Wilfried Barner

pp. 131-143

Laocoon, ou Sur les limites de la peinture et de la poésie, de Lessing, dont seule la première partie fut publiée en 1766, a fait l’objet dès l’origine d’une réception très « sélective » en raison de sa structure compliquée. Ou bien on se concentrait sur la critique de Winckelmann interprète du « cri », contre laquelle l’humanité de Philoctète (chez Sophocle) est réévaluée. Ou bien l’on plaçait les « règles » et « principes » du chapitre XVI au centre de l’intérêt : c’est-à-dire la démarche « systématique » relative à l’ « espace » et au « temps », à la « simultanéité » et à la « succession », au « corps » et aux « actions ». Ces derniers temps s’est ajouté l’intérêt porté à la théorie des signes (peu originale) de Lessing, que l’on a interprétée dans le sens d’un système sémiotique. Cependant, lorsqu’on analyse précisément la méthode critique de Lessing, il apparaît que celle-ci est dominée par la polarité de la déduction et de l’induction. La comparaison déductive des arts (par exemple, dans les premières esquisses de 1762-1763) est nécessairement complétée par une démarche inductive et empirique qui part de l’exemplum. Ici, le « critique » Lessing montre les limites de l’autorité de Winckelmann. Il polémique en même temps contre la « peinture » poétique qui limite l’ « intellectualité » de la poésie. Ce n’est pas un « système » qui gouverne le Laocoon de Lessing, mais – dans cette œuvre de transition vers une esthétique de l’autonomie – un processus d’alternance entre déduction et induction.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.946

Full citation:

Barner, W. (2003). Le Laocoon de Lessing : déduction et induction. Revue germanique internationale - ancienne série 19, pp. 131-143.

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