Anatomie d'un chef-d'œuvre 

Laocoon en France au xviie siècle

Christian Michel

pp. 105-117

A partir de trois conférences tenues à l’Académie royale de peinture et de sculpture entre 1667 et 1676, je désire analyser le regard spécifique porté par les artistes français sur le Laocoon. Le statut de chef-d’œuvre incontestable assuré au groupe par les commentaires de Pline et l’admiration d’un siècle et demi, permettent de mettre en œuvre une approche qui caractérise alors la réflexion française : ne pas analyser les œuvres en fonction d’une définition a priori de l’art, mais tenter de tirer des œuvres ces règles. Il s’agit d’utiliser le Laocoon comme un substitut de la nature, plus vrai que la nature même, car formé par de très savants sculpteurs qui connaissaient les causes de ce qu’ils devaient représenter et ne faisaient rien sans y avoir mûrement réfléchi.La présente contribution repose sur l’analyse précise des trois conférences de Girard van Opstal (1667), de Michel Anguier (1670) et enfin de Pierre Monier (1676). Autour de ces trois discours, c’est une conception assez différente du Laocoon qui est mise en œuvre. Loin des analyses de Winckelmann ou de Lessing, ces artistes – deux sculpteurs et un peintre – traitent l’œuvre sans réelle distance historique, essaient de montrer comment Agésandre, Polydore et Athénodore cherchaient à résoudre les problèmes auxquels eux-mêmes étaient confrontés et, en même temps, parviennent à une précision d’analyse technique qui n’est pas sans intérêt pour mieux comprendre certaines des caractéristiques du groupe et certains des enjeux de la sculpture française du xviie siècle.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.942

Full citation:

Michel, C. (2003). Anatomie d'un chef-d'œuvre : Laocoon en France au xviie siècle. Revue germanique internationale - ancienne série 19, pp. 105-117.

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