Problèmes d'histoire de l'art du Laocoon

Bernard Andreae

pp. 33-56

Le Laocoon, œuvre des mêmes sculpteurs rhodiens que le groupe de Scylla découvert dans la grotte de Sperlonga, date des mêmes années que ces sculptures qui décoraient la grotte de l’empereur Tibère, dont le programme iconographique trouve sa source dans les Métamorphoses d’Ovide.Utilisant un concept propre à l’histoire de l’art antique, celui des « groupes vus sous un seul angle », on constate la différence qui distingue le groupe du Laocoon, qui privilégie la vue frontale, du groupe de Scylla, qui offre un grand nombre de vues. Or ces deux groupes sculptés sont l’œuvre des mêmes sculpteurs rhodiens, actifs au début de l’Empire. Comment expliquer le recours à des esthétiques aussi différentes ?L’examen de groupes érotiques offre une solution : les quatre groupes étudiés (que l’on propose d’intituler « approches », « séduction et répulsion », « combat amoureux », « union charnelle ») présentent à l’imagination le processus continu d’une action. Ils constituent une séquence créée vers le milieu du iie siècle av. J.-C, qui prépare l’invention des groupes vus sous un seul angle. Les sculpteurs rhodiens du groupe du Laocoon et du groupe de Scylla ont reproduit des modèles d’époques diverses : l’original perdu du Laocoon remonte aux années 140 av. J.-C. au plus tôt, à la fin du royaume de Pergame, et l’original du groupe de Scylla date des années 180 av. J.-C. La différence de style qui sépare les deux groupes des sculpteurs rhodiens s’explique donc par la différence de date des originaux perdus qu’ils ont reproduits.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.933

Full citation:

Andreae, B. (2003). Problèmes d'histoire de l'art du Laocoon. Revue germanique internationale - ancienne série 19, pp. 33-56.

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