Les langues des peuples sauvages dans quelques projets anthropologiques autour de 1800

Jürgen Trabant

pp. 11-26

L’anthropologie qui naît au xviiie siècle à la suite de la rencontre de l’Europe avec les soi-disant sauvages, se définit, contre la philosophie, comme une connaissance empirique de l’Homme. Face à l’histoire, comme connaissance empirique de l’Homme dans le temps, elle vise plutôt la diversité humaine dans l’espace. Les langues dont la diversité matérielle saute aux yeux ne seront pourtant objets anthropologiques que quand on reconnaîtra leur diversité cognitive. Aussi l’anthropologie comparée de Humboldt ne devient linguistique, étude de la diversité des « visions du monde », que par la rencontre avec la profonde altérité du basque à la suite de son séjour parisien. Le projet anthropologique européen doit dépasser sa profonde diachronicité, le « sauvage », ne plus considérer l’extraeuropéen comme primitif, et découvrir en lui le « concitoyen » (Weltbüger), l’altérité synchronique et spatiale, pour devenir linguistique vraiment anthropologique.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.991

Full citation:

Trabant, J. (2004). Les langues des peuples sauvages dans quelques projets anthropologiques autour de 1800. Revue germanique internationale - ancienne série 21, pp. 11-26.

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