Essai d'une théorie des oppositions phonologiques

Nikolaj Trubeckoj

pp. 5-18

Publication details

Full citation:

Trubeckoj, N.S. (1936). Essai d'une théorie des oppositions phonologiques. Journal de psychologie normale et pathologique 33, pp. 5-18.

NOTES

1 Les expressions « oppositions à une seule dimension » et « à plusieurs dimensions » m’ont été suggérées par M. Karl Bühler, que je tiens à remercier ici. En allemand, les expressions « eindimensionaler » et « mehrdimensionaler Gegensatz » sont en effet commodes et donnent moins lieu à des malentendus que «zweiseitig» et a mehrseitig». Mais en français, la chose est rendue plus compliquée par l’absence d’adjectifs correspondant à l'allemand « ein- oder mehrdimensional». N’étant pas Français, je ne puis me décider à former des néologismes («multidimensional»), et, comme les expressions périphrastiques («oppositions à une on plusieurs dimensions») sont très incommodes, je pré­fère user des adjectifs latins «bilatéral» et« multilatéral ».

2 Cette distinction n’apporte aucun changement essentiel aux définitions de « l’unité phonologique » et du « phonème » proposées par le « Projet de terminologie phonologique standardisée ». Le « phonème » reste une « unité phonologique non susceptible d’être dissociée en unités phonologiques plus petites et plus simples». Quant à l’ « unité phonologique », il faudra désormais la définir comme « terme d’une opposition indirectement ou directement phono- logique».

3 En morphologie, on se rappellera p. ex. la suppression des oppositions de genre au pluriel on allemand, la suppression de l’opposition entre le futur et le subjonctif présent à la première personne du singulier des verbes de la première conjugaison en latin, etc.

4 Cf. notre article sur le problème de la quantité qui doit paraître dans le recueil d'articles dédiés à la mémoire de M. A. Trombetti.

5 Cette règle ne se trouve contredite que par les mots étrangers, comme Skandal, Szene, Sphynx, Slave, Smoking, Snob, et par des mots empruntés aux dialectes populaires et portant encore l’empreinte de leur origine vulgaire, — comme Wurstel, Kasperl (prononciation sch), etc.

6 Bornons-nous à quelques indications sommaires Une opposition multilatérale est homogène, si ses termes se laissent concevoir comme deux membres d'une chaîne, composée exclusivement de termes d’oppositions bilatérales. Elle est hétérogène, si cette condition n’est pas remplie. Ainsi, en français, l’opposition ou-an est homogène, parce que ses termes peuvent être conçus comme membres d'une chaîne d'oppositions bilatérales (ou-o, o-on, on-an), tandis que l’opposition t-a est hétérogène. Parmi les oppositions multilatérales homogènes, on peut encore distinguer les oppositions rectilignes, qui n'admettent qu'une seule chaîne d'oppositions bilatérales intermédiaires (p. ex. en français ou-i = ou-u, u-i), et les oppositions curvilignes, qui admettent plusieurs chaînes de ce genre (p. ex. en français ou-e = ou-o, o-eu, eu e ou ou-u, u-eu, eu-e ou ou-u, u-i, i-e).

7 Ce que nous entendions jadis par « corrélation » était une opposition proportionnelle privative, tandis que toutes les autres sortes d’oppositions devaient porter le nom de « disjonctions ».

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